Amour au tournant d'une scolopendre (suite 12)
Des mots, une histoire n° 67
de Olivia Billington
Les mots imposés sont en bleu
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Pendant qu’Augustin s’approchait de Marthe et que, d’un ton versatile et goguenard à la fois, lui reprochait d’avoir interrompu le récit de Jean au moment où celui-ci, après qu’il ait réussi par sa ruse à percer la forteresse qu’il avait érigé en ferme réticence autour des événements de la nuit, allait devenir son confident, Jean se surprit à observer Marthe d’un œil nouveau.
Dans son vêtement qui ressemblait à une sorte d’uniforme orientalisante d’une couleur kaki qui, par touches successives de variations chromatiques, allait jaunissant jusqu’aux plis des manches et de l’ample jupe donnant l’illusion d’un tissage entremêlé de fil dorés, elle avait un charme et une beauté à éclipser même l’hétaïre par excellence que fut la Pompadour au moment de sa plus grande splendeur !
« Cet Augustin – se dit Jean – est la manne tombée du ciel à l’orée de cette matinée surprenante » et, tel un parfait démagogue l’apostropha :
« N’est ce pas qu’elle est merveilleuse ?! » et le gamin s’empressa de le confirmer avec toute la fausse candeur dont il était capable, se sentant griser par la complicité naissante qu’il sentait poindre dans l’esprit de Jean.
Marthe les gratifia d’un sourire à faire frémir de plaisir puis, après avoir relevé les manchettes de sa veste et esquissé une sorte de gracieuse pirouette jusqu’à parvenir tout, tout près de Jean :
« Et si, finalement, nous vaquions pour de bon à nos occupations ? » lui dit-elle d’un ton caressant.
C’est au moment où Jean allait lui répondre que la sonnette retentit avec force. Augustin se précipita pour aller ouvrir et Jean vit apparaitre un jeune homme, vêtu mode dernier cri, dont les traits du visage, bien que altérés par une énorme cloque sur la pointe du nez, avaient une étonnante ressemblance avec ceux du doux minois de Marthe.
Elle alla le rejoindre, le prit sous les bras et, s’avançant vers Jean annonça :
« Jean, je te présente Lucien, mon inséparable frère jumeau qui, comme tu as pu le constater, a toujours un problème de santé quand j’ai besoin de lui. »
A ces paroles l’expression d’une profonde joie se dessina sur le visage de Jean qui se leva d’un bond pour aller embrasser Marthe.
Fin
A.S. 01.06.2012
Amour au tournant d'une scolopendre (suite 11)
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