Journal de bord un peu loufoque saison 1b
Oh si Fiat Panda avait su entre quelles mains elle allait être mise!
Porto Azzurro
Le 24.05.2005
Lever de l’équipage dans le calme et la sérénité. Exactement ce qu’il faut pour affronter la dure journée prévue au programme : visite de l’ile d’Elbe en Fiat Panda.
C’est l’esprit rempli d’images d’aventure que nous sommes arrivés chez le loueur sans avoir pu auparavant répondre à la question qui nous tenaillait : Fiat Panda, ancien ou nouveau modèle ?
La vue de l’engin motorisé nous rassura : il s’agissait d’un modèle indéfinissable : ni trop vieux (pour que nous passions pour des ringards) ni trop récent (pour que nous passions pour ces vieux qui se prennent pour des jeunes à la pointe de la tendance).
Nous voilà donc confortablement installés à bord de ce bolide de location (à vrai dire presque en parfait état pour un véhicule qui passe, malheureusement, entre tant de mains inexpertes).
Antoine, c'est-à-dire moi, s’est dégagé du parking avec une manœuvre brillante mais à la limite du danger, manœuvre à vrai dire impensable jusqu’ici pour un conducteur aussi maladroit que lui, mais il est vrai que capitaine DéDé et adjointe NaNa veillaient !
Nous voilà donc parti à l’assaut de la première côte en direction de Portoferraio. Par humilité je tairais les innombrables prouesses du conducteur (c'est-à-dire moi) sur la dangereuse route qui longe la côte jusqu’à Portoferraio que nous atteignîmes sains et saufs vers 10h45 pour nous garer sur le parking de la Place della Repubblica après qu’on eut remis entre nos mains un étrange ticket avec cette simple inscription 10 :44 suivie d’une admonestation : si pas de place vous ressortez !(Se non c’è posto uscite !)
Après avoir embrassé du regard et savouré l’image du vieux port, nous primes la décision de gravir les marches jusqu’à la Villa Mulini, éphémère résidence de Napoléon 1er à l’époque où il s’imaginait toujours empereur.
La montée est réellement majestueuse : des centaines de marches de grande largeur et profondeur, toutes en galets, réalisées avec maestria afin de faciliter la tâche des grimpeurs : ce que remarqua immédiatement NaNa avec son esprit pratique et la sentence « cette hauteur de marche est très pratique pour les vieux » !
Justement elle ne pouvait pas si bien dire, car subitement apparut sur le premier tournant de l’escalier une foule de jeunots en goguette dont l’âge moyen (nonobstant un savant maquillage pour se donner l’air de vieux paisibles) se situait surement bien au dessus de la soixantaine rougissante. Quand nous fumes à leur hauteur et immédiatement après que nous eûmes entendu cette sentence d’une charmante dame qui, vraisemblablement, rappelait à l’ordre le regard de son mari qui avait du se perdre sur les splendeurs de la voisine « regarde où tu mets les pieds ! », NaNa s’est adréssée à DéDé presque en une supplique « DEDE promets moi que nous ne ferons jamais cela en autobus ! »
Je me rappelle avoir rougi après avoir entendu cette remarque par volontaire inadvertance ; cette phrase si sibylline qui semblait chargée de tout l’héros profond du couple que voulait-elle signifier à l’approche d’un lieu si emblématique ? NaNa pensait-elle que DéDé était son Napoleon ou DéDé pensait-il que NaNa était sa Joséphine ou les deux ?
Heureusement la villa Mulini était fermée pour repos hebdomadaire !
A défaut d’avoir pu admirer le lit de Napoléon, nous nous sommes dirigés vers le fort Stella, propriété privée magnifique à laquelle nous avons eu accès grâce à nos relations privilégiées avec un ticket d’un euro et trente centimes.
Nous avons rempli nos regards et nos souvenirs d’images à couper le souffle tant leur beauté était provocante. Pour un très bref instant nous avions pensé de les voler aux Elbois, puis nous nous sommes dit que cela n’était pas digne de notre classe et sommes parti en laissant tout en place.
La descente a été plus tranquille. Notre esprit apaisé par tant de grandiose beauté, 
nous avons pu pénétrer, l’âme en paix, dans les quelques églises qui jalonnaient notre parcours et capturer à nouveau quelques images très typiques des lieux comme celle de cette visiteuse de château perchée sur de hauts talons aiguille, les épaules dévêtues et le corps ceint d’une courte robe hispanisante et faisant des pas de deux sur les marches en galets.
Pour marquer ces moments inoubliables NaNa est entrée dans un magasin pour acheter un tee-shirt corsaire pour petit Stany.
Après une courte pause au bar Roma, sans avoir oublié de poster la carte anniversaire pour l'amie Hermine, nous sommes remonté sur notre bolide pour prendre la direction de Marciana où nous sommes parvenus à l’heure du déjeuner.
Une sympathique terrasse nous a accueilli pour une halte pizza. Nous nous sommes installés sous l’ombre protectrice d’agréables ormes d’agrément quand soudainement le drame ! NaNa a failli rester collée à la chaise verte qui recevait son auguste physique. Cela réparé avec un échange standard de siège, nous avons pu déguster une croustillante pizza accompagnée de vin rouge et blanc afin de bien marquer notre attachement au drapeau de l’Italie en complément du parfum de vert basilique.
Ce n’est qu’en conclusion de ce pantagruélique festin que nous nous sommes aperçus que pendant tout ce temps nous avions été arrosés par l’urine gluante des poux et autres insectes non identifiés qui dégustaient le beau feuillage des ormes !
Capitaine Dédé a pris les commandes de la Fiat Panda pour le chemin du retour. Le moteur tournait rondement au maxi des tours de la deuxième vitesse et plus rarement de celle de la troisième, la main droite du capitaine refusant de s’activer à des changements fréquents du fait d’une déformation contractée par la fréquentation excessive de la boite automatique d’une fainéante Land Rover.
Il est évident que la montée au magnifique Poggio puis au monte Perrone dans ces conditions ne pouvait être autre qu’un véritable morceau d’anthologie sportive et un festival d’images à faire pâlir même les plus chevronnés des photographes cannois !
Au mont Perrone l’endroit nous a paru idéal pour concéder à Jaja un bref moment d’aparté dans les fougères pour des besoins plus que légitimes, d’autant que nul n’ignore les étranges pérégrinations que doivent accomplir les aliments ingurgités, non ce verbe est excessif, je dirais plutôt savourés, par Capitaine adjointe NaNa.
C’est à ce moment qu’Antoine, toujours le soussigné, cru entendre des ahhhh de satisfaction. Que nenni, car quand l’oreille se fit plus attentive il remarqua à ses cotés le mouvement bizarre d’un véhicule garé à proximité dans le but évident de consentir à ses passagers l’analyse minutieuse de leurs membres et organes sensibles afin de parvenir au rendement maximal.
Après un tel choc nous reprîmes la route un peu décontenancés mais cet état second ne dura pas longtemps, car le moment de vérité approchait : le plein de la Fiat Panda. Et dire qu’après tant d’efforts et de pub pour Fiat Panda Agip ne nous offrit même pas les 6,3 litres du plein, pourtant pas cher car dépourvu de plomb.
Après avoir restitué notre bolide, nous nous sommes hâtés de rejoindre le port pour attendre l’arrivée de Chevalier Rouge que les trompettes de la renommée, relayées par Orange, avaient annoncé avec fracas.
Epuisé par cette dure journée, Antoine est tombé dans un profond sommeil réparateur. C’est pour cela qu’il prend la précaution de dire que, ce qui est dit ci-après, est le fruit de la narration de témoins oculaires et non de son imagination.
Il semblerait que vers 17 heures, alors que les rayons couchants rougissaient le port, le Chevalier rouge s’est présenté dans un majestueux contre jour qui mettait encore plus en valeur ses redoutables capacités d’attaque. Il semblerait donc que capitaine Milo, tout drapé de rouge, s’est lancé à l’assaut de l’amarrage en traçant sur l’eau d’inimitables Z que Zorro a vainement tenté de s’approprier par le passé.
A la passerelle Dame Mimi, parée de ses atours de cavalière, amarre en main, bouée abondante et protectrice au balcon, était prête à l’abordage. La scène glaçait déjà les spectateurs suspendus à l’issue incertaine du combat.
Le sifflement de l’amarre, lancée en direction de Dario, retentit comme un avertissement : Dario en parut pétrifié, presque ensorcelé au point d’en oublier le renvoi du bout salvateur.
L’arrivée impériale du capitaine Milo s’accomplissait sous les vivats de capitaine Dédé et adjointe Nana, les seuls qui furent capables de reprendre leurs esprits alors que tous les autres s’enfuyaient pour narrer aux quatre coins du port les exploits du Chevalier Rouge.
Antoine fut réveillé par toutes ces clameurs mais aussi, il est encore plus probable, par le délicieux parfum du vin blanc que les héros de la journées ne tardèrent pas à faire couler à flot (plutôt modéré à son gout).
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Prochain épisode de Porto Azzurro à Cala Galera et l'incident de la durite!