La glaneuse de Sapri de L. Mercantini
Cette poésie de Luigi Mercantini est surement, parmi les poésies patriotiques du Risorgimento italien, l’une des plus connue. Le Risorgimento est la période historique qui fait référence au mouvement ayant porté a l’unification de l’Italie il y a de cela 150 ans.
Il y est narrée l’expédition de Carlo Pisacane, patriote et révolutionnaire, lequel, parti de Gènes sur une idée de Giuseppe Mazzini, arriva a Sapri après avoir enrôlé et libéré les détenus politiques prisonniers sur l’ile de Ponza, détenus que le régime de Bourbons désignait comme des brigands afin que les gens aient peur de les soutenir.
Aujourd’hui, alors que je recherchais une poésie de Alessandro Manzoni, ces vers me sont venus sous les yeux : immédiatement l’image de la glaneuse qui illustrait ce poème dans un livre de texte des élémentaires, est réapparue dans ma mémoire.
C’est une poésie qui a la saveur d’une ballade populaire un peu vieillotte mais, par les temps qui courent, ce n’est pas mauvais de se souvenir, de temps à autre, d’où nous venons ainsi que de ceux qui ont payé avec la mort ou l’exil la défense de l’idéal de liberté.
Bien sur la traduction explique mais ne rend pas la douceur du son et l’atmosphère de la lecture en italien, créé par l’alternance des rimes et des images. Sa structure et ses mots simples font que l’on retient très vite le poème en mémoire et la ritournelle renforce à dessein l’élan de compassion et aussi de fierté qu’il entendait susciter parmi les petites gens.
Ils étaient trois cent, ils étaient jeunes et forts
Et ils sont morts.
Je m’en allais un matin à glaner
Quand je vis un bateau sur la mer :
C’était un bateau qui naviguait à la vapeur
Il hissait le drapeau trois couleurs.
Sur l’ile de Ponza s’est arrêté,
Il est resté un peu puis il est reparti ;
Il est reparti et venu sur le littoral.
Ils débarquèrent armés et ils ne nous firent pas la guerre.
Ils étaient trois cent, ils étaient jeunes et forts,
Et ils sont morts.
Ils débarquèrent armés et ils ne nous firent pas la guerre,
Mais s’inclinèrent pour baiser la terre,
Un par un je regardais leurs visages,
Tous avaient une larme et un sourire.
On les nomma voleurs sortis des repaires,
Mais même pas un pain ils nous volèrent ;
Je les entendis sortir un seul cri :
« Sommes venus mourir pour notre patrie »
Ils étaient trois cent, ils étaient jeunes et forts
Et ils sont morts.
Les yeux azur et les cheveux d’or
Un jeune marchait devant eux.
Je me fis hardie et, l’ayant pris par la main,
Je lui demandais « Où vas-tu beau capitaine ? »
Il me regarda et répondit « Oh ma sœur,
Je vais mourir pour notre belle patrie »
Je sentis trembler tout mon cœur,
Et ne puis luis dire « Que le Seigneur vous aide »
Ils étaient trois cent, ils étaient jeunes et forts
Et ils sont morts.
Ce jour-là j’oubliais de glaner
Et derrière eux je me mis à marcher :
Deux fois ils se heurtèrent aux gendarmes,
Et par deux fois ils les dévêtirent des armes,
Mais quand ils parvinrent sous les murs de la Chartreuse,
On entendit sonner trompettes et tambours
Et, dans la fumée les tirs et les étincelles,
Sur leurs dos furent plus de mille.
Ils étaient trois cent, ils étaient jeunes et forts,
Et ils sont morts.
Ils étaient trois cent et ne voulurent fuir
Ils paraissaient trois mille et voulurent périr,
Mais ils voulurent mourir épée en main.
Devant eux le sang inondait la plaine
Tant que je les vis batailler je priais pour eux
Mais d’un coup je m’évanouis et ne vis plus :
Parmi eux je ne voyais plus
Ces yeux azur et ces cheveux d’or.
Ils étaient trois cent, ils étaient jeunes et forts
Et ils sont morts.
Ci après le lien avec l'article en italien
....